«Séraphine» survole les CésarAvec son deuxième César de la meilleure actrice (pour «Séraphine»),
Yolande Moreau rejoint Romy Schneider et Catherine Deneuve au panthéon
du cinéma français. Crédits photo : AFP
Pourtant outsider, le film de Martin Provost sur la vie de Séraphine de
Senlis, femme de ménage devenue peintre, rafle le plus grand nombre de
césars. Mesrine remporte celui du meilleur réalisateur et du meilleur
acteur principal pour Vincent Cassel.
L'outsider a triomphé du favori. «Séraphine», de Martin Provost a été
le grand vainqueur de la 34e cérémonie des César, vendredi soir. Retenu
dans neuf catégories, le film qui conte l'histoire de la peintre
autodidacte Séraphine de Senlis a remporté sept César dont celui du
meilleur film, de la meilleure actrice pour Yolande Moreau, et meilleur
scénario. «Je ne sais pas quoi dire. Je veux remercier toute l'équipe
et les acteurs du film,. Je voudrais remercier Séraphine qui est
revenue parmi nous. Elle a disparu pendant la crise de 29 (sic) mais
celle-ci lui a porté chance», a lancé le réalisateur Martin Provost,
étonné de son succès.
Pour son interprétation de cette femme de ménage devenue peintre avant
de mourir internée en 1942, Yolande Moreau récolte le deuxième César de
la meilleure actrice de sa carrière, un joli cadeau d'anniversaire pour
la comédienne qui fêtait ses 56 ans vendredi. «J'ai de quoi alimenter
mon égo jusqu'à la fin de l'hiver, merci d'avoir aimé Séraphine», a
plaisanté l'actrice qui rejoint au panthéon du cinéma français Romy
Schneider et Catherine Deneuve, elles aussi récompensées deux fois en
tant que meilleures actrices. Yolande Moreau avait déjà été distinguée
en 2005 pour «Quand la Mer Monte».
«Mesrine», qui partait favori avec 10 nominations, a raflé trois
César : ceux du meilleur réalisateur pour Jean-François Richet, du
meilleur acteur pour Vincent Cassel et du meilleur son. «Ça fait
plaisir quand même. Je vais faire comme tout le monde, je vais
remercier Claude Berri pour Thomas [Langmann, son fils, ndlr],
maintenant il y a toi. Sur ce coup là, tu as été incroyable», a déclaré
l'interprète de l'ex-ennemi public n°1. L'acteur a fait diffuser
quelques images en hommage à son père, le comédien Jean-Pierre Cassel,
décédé en 2007.
«Le premier jour du reste de ta vie» a décroché trois
récompenses, monopolisant la catégorie des meilleurs espoirs dans
laquelle Déborah François et Marc-André Grondin sont repartis
victorieux. Si «Entre les Murs» n'a pas réitéré son succès cannois, la
palme d'or 2008 est repartie avec le trophée de la meilleure adaptation
tandis que l'ensemble de ses jeunes acteurs ont été invités à remettre
une récompense et n'ont pas oublié de remercier Sean Penn qui les avait
couronnés à Cannes.
| Cliquer sur cette barre pour voir l'image en grande. |
Elsa Zylberstein pour «Il y a Longtemps que Je t'Aime» a
décroché la statuette du meilleur second rôle tandis que le drame de
Philippe Claudel a été sacré meilleur premier film. Chez les hommes,
c'est Jean-Paul Roussillon qui s'est vu attribuer le César du meilleur
second rôle pour «Un Conte de Noël» d'Arnaud Desplechin.
| Cliquer sur cette barre pour voir l'image en grande. |
Dany Boon, qui avait pourtant annoncé qu'il boycotterait la
cérémonie en raison de l'unique nomination de «Bienvenue chez les
Ch'tis», a fait acte de présence, en haut de smoking et pantalon de
survêtement orange. «J'étais chez moi, devant ma télé et je me suis dit
“c'est trop con”. Je suis heureux d'être là. Jacques Séguéla m'a dit :
“si à 40 ans tu n'as pas un César, tu as raté ta vie”», a plaisanté le
comique. L'acteur français le mieux payé en 2008 est pourtant reparti
les mains vides, le prix du meilleur scénario orignial étant allé à
«Séraphine».
Le César du meilleur film étranger est revenu à «Valse avec Bachir» Le
documentaire d'animation autobiographique d'Ari Folman a déjà reçu le
Golden Globe du meilleur long-métrage étranger. Très applaudi à Cannes,
le film israélien était pourtant reparti bredouille. «Ce film est bon
pour la paix, croyez aux autres, répandez la paix et l'amour. Soyez
tolérants», a plaidé le réalisateur.
La soirée a eu ses moments d'émotion comme lors de l'hommage au
producteur, réalisateur et acteur Claude Berri, décédé en janvier, mais
aussi d'humour avec notamment Carole Bouquet, irrésistible dans une
parodie de publicité en faveur d'un produit pour appareils dentaires.
L'humoriste Elie Semoun s'est déguisé en «Tootsie», confondant de
ressemblance avec le personnage joué par Dustin Hoffman, qui a reçu un
César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Le héros du «Lauréat» a
félicité Antoine de Caunes, présentateur de la soirée, pour son numéro
inaugural de claquettes, en hommage à «Chantons sous la pluie», tandis
que la comique Julie Ferrier, dont le décolleté plongeant menaçait de
révéler la poitrine, a été rhabillée sur scène par Emma Thompson.
L'intégralité du palmarès
«Séraphine» : 7 César
• Meilleur film
• Meilleure actice (Yolande Moreau)
• Meilleur scénario original (Marc Abdelnour, Martin Provost)
• Meilleur costume (Madeline Fontaine)
• Meilleur photo (Laurent Brunet)
• Meilleure musique (Michael Galasso)
• Meilleur décor (Thierry François)
«Mesrine» : 3 César
• Meilleur réalisateur (Jean-François Richet)
• Meilleur acteur (Vincent Cassel)
• Meilleur son (Jean Minondo, Gérard Hardy, Alexandre Widmer, Loïc Prian, François Groult, Hervé Buirette)
«Le premier jour du reste de ta vie» : 3 César
• Meilleur espoir masculin (Marc-André Grondin)
• Meilleur espoir féminin (Déborah François)
• Meilleur montage (Sophie Reine)
«Il y a longtemps que je t'aime» : 2 César
• Meilleur second rôle féminin (Elsa Zylberstein)
• Meilleur premier film (Phlippe Claudel)
«Un conte de Noël»
• Meilleur second rôle masculin (Jean-Paul Roussillon)
«Entre les murs»
• Meilleure adaptation (Laurent Cantet, François Begaudeau, Robin Campillo)
«Valse Avec Bachir»
• Meilleur film étranger (Ari Folman)
«Les plages d'Agnès»
• Meilleur film documentaire (Agnès Varda)
«Les Miettes»
• Meilleur court-métrage (Pierre Pinaud)
Dustin Hoffman
• César d'honneur